Arrivés en Sicile depuis une quinzaine de jours, nous parcourons l’île de ville en ville, de trésor en trésor : Palerme, Erice, Mazara dell Vallo, Agrigento. Aujourd’hui c’est un nouveau lieu exceptionnel que nous découvrons : l’Etna ! Si nous avions déjà eu l’occasion d’apercevoir des volcans au Costa Rica, au Chili, aux Comores ou encore à quelques kilomètres à Pompéi, c’est la première fois que nous avons l’occasion d’en gravir un actif, prêt à rentrer en éruption !
Alors forcément l’Etna est un des lieux les plus visités par les voyageurs en Sicile, il nous fallait donc commencer par trouver une agence qui propose des excursions en petits groupes, à l’écart des hordes de touristes !
On a trouvé la perle rare avec Antonio et Roberto, deux frères siciliens qui ont fondé l’agence Etna 3340 ! Autre avantage : ils parlent tous les deux français et sont vulcanologues, pas d’explications farfelues donc ! On est donc partis pour une excursion d’une journée sur l’Etna !
Les origines de l’Etna, le plus haut volcan actif d’Europe
Vieux d’environ 500 000 ans, l’Etna tient son origine de la subduction de la plaque africaine sous la plaque eurasienne, il est aujourd’hui le plus haut volcan actif d’Europe (3 340 m) et l’un des plus actifs du monde.
Mais l’Etna ce n’est pas seulement un volcan, depuis l’Antiquité il nourrit les récits de l’Histoire, les Grecs et les Romains, qui ont occupé successivement la Sicile, lui attribuant chacun leur version.
Celle du poète Pindare, racontée par Roberto, désigne l’Etna comme la prison du monstre Typhon que Zeus a enfermé sous la Sicile, les coulées de lave du volcan correspondant à son haleine de feu et les séismes à ses mouvements lorsqu’il se retourne.
On a été amusé d’écouter les anecdotes et histoires de Roberto qu’il a plaisir à partager.
Ascension de l’Etna et de ses 4 cratères principaux
Ascension de l’Etna en voiture jusqu’à la station de télésiège
J’attendais ce moment depuis longtemps, marcher sur un volcan relevait du rêve, quelque chose d’assez puissant et grandiose. L’excitation est donc maximale quand nous rejoignons Roberto et le petit groupe au pied du volcan.
Si on veut être plus exact, on peut même dire qu’on est déjà sur le volcan : avec ses 200 km de circonférence, nombreux sont les villages construits sur la roche volcanique.
Si de loin le volcan ressemble à ce que j’imaginais (une grande montagne surplombée d’un cône fumant), de près la réalité est différente : l’Etna compte 4 cratères principaux au sommet et une multitude de cratères annexes sur ses pentes. L’ascension en voiture jusqu’à la station télésiège est l’occasion de se rendre du nombre de coulées de lave.
Roberto nous arrête d’ailleurs dans une carrière où est extrait le basalte utilisé historiquement pour la construction de bâtiments et de routes dans la région (comme par exemple les pavés de Catane). La coupe permet de comprendre l’histoire géologique du volcan.
Sur la route, les maisons ensevelies, comme figées dans le temps, témoignent de la puissance des éruptions passées. Si une certaines distance de sécurité est recommandées, certains propriétaires font le choix de rester sur place jusqu’à ce qu’une éruption les menace.
Marche autour d’un cratère de l’Etna, un paysage lunaire
Arrivés à la station, il ne nous reste plus qu’à prendre les télécabines, (comme au ski !) pour accéder aux cratères sommitaux. Comme nous l’a expliqué Roberto, c’est un des éléments qui fait monter le coût de votre excursion : la station a déjà du être reconstruite 2 fois en raison des récentes éruptions. Le matériel doit donc être amortis en à peine 2-3 ans !
À l’arrivée, le paysage est lunaire, aucune végétation, uniquement de la roche noire mais l’ascension n’est pas terminée, il faut encore prendre une sorte de bus tout terrain pour parcourir les quelques centaines de mètres restants. Le parcours est aussi envisageable à pied mais ce jour le brouillard est intense et le trajet ne serait pas sécurisé.
Enfin nous arrivons, le plus intéressant commence lorsque nous attaquons le sentier entre les 2 cratères ! On se sent petit face à l’énergie du sol sous nos pieds, imaginant la puissance de la lave en fusion et des gaz volcaniques.
Le sol est d’ailleurs tiède par endroits bien que la dernière éruption de ce cratère date de 2002, des petites fumeroles s’en dégagent même. Effectivement si les roches de surface se refroidissent très rapidement au contact de l’air, le coeur des coulées est encore lui bien chaud.
Petit à petit, en accédant au cratère, le souffre se fait de plus en plus menaçant pour la gorge mais l’air reste largement respirable. Ça y est on est à l’entrée du cratère ! Wow quelle sensation ! On est sur un volcan ! Même si ce cratère n’est pas actif et peu profond la sensation est particulière, d’autant plus que de la fumée s’en échappe malgré tout.
Nous sommes au dessus des nuages et poursuivons la marche pour contourner le cratère en imaginant la formation de ce dôme au moment de l’explosion. La roche n’est plus seulement noire mais pleine de reflets rouges, orange et même verdâtres.
Alors forcément ici nous ne sommes plus seuls, les différents groupes se rejoignent pour découvrir l’Etna en son coeur mais ce n’est pas très gênant et l’instant ne dure pas.
Roberto et Antonio proposent aussi d’aller à la découverte du cratère le plus haut, le sommet de l’Etna ! « Malheureusement » pour nous, ce jour-ci c’est le cratère inférieur qui était au programme alors nous reviendrons et en attendant nous nous contentons de le contempler d’en bas.
Randonnée sur l’Etna pour comprendre son histoire singulière
Au retour des cratères sommitaux, Roberto nous propose une balade à travers d’anciennes coulées de lave pour mieux comprendre la puissance de la roche en fusion qui avance inexorablement tant qu’elle ne trouve pas d’obstacle sur son chemin.
C’est aussi l’occasion de comprendre l’histoire de l’Etna à travers ses multiples cratères annexes, de comprendre sa géologie et de découvrir la flore qui reprend petit à petit sa place sur la roche volcanique.
En effet si à partir de 3 000 m le désert volcanique dû aux éruptions volcaniques continues empêche toute vie végétale, les plantes arrivent à pousser sur les autres strates de l’Etna : on trouve notamment l’Acitulidda, plante endémique du volcan qui est très courante dans la zone la plus élevée.
On y trouve aussi des coussins d’Astragale ou « coussins de belle-mère » dont les épines renferment de nombreuses autres plantes comme les violettes de l’Etna (on a compris pourquoi quand Roberto nous a invité à nous assoir dessus au moment du pique-nique !) ou encore des genêts et autres arbustes sur les parties les plus basses.
C’est assez impressionnant de se retrouver au milieu de ce champ de lave dans lequel on distingue assez nettement les coulées, certaines hautes de plusieurs dizaines de mètres et de longer quelques uns de la centaine de cratères que compte l’Etna.
Notre guide connait le volcan par coeur : il est capable de nous dater chacune de éruptions. D’ailleurs il nous arrête devant une bombe volcanique de plus de 2m de diamètre, expulsée par un cratère situé à plusieurs centaines de mètres alors qu’elle pèse plusieurs tonnes.
En fin de randonnée, après avoir eu un aperçu d’un mini tunnel de lave, on se retrouve sur un des cratères les plus éloignés du sommet de l’Etna.
S’il parait petit de loin, son ascension nous remet vite en place ! Arrivés au sommet, le paysage est magnifique : on y distingue de nombreux cratères, des coulées de lave comme celle qui finit par se jeter dans le cratère inférieur, un paysage lunaire qui semble reprendre vie grâce à la végétation avec en toile de fond les cratères sommitaux crachant de la fumée en continu.
On vous conseille de vous attarder un peu sur les photos et apercevoir les quelques personnes présentes pour bien vous rendre compte qu’il ne s’agit pas de vulgaires coulées de cailloux !
Traversée d’un tunnel de lave de l’Etna, une expérience immanquable !
Ces quelques heures passées sur l’Etna nous ont passionné mais la journée était loin d’être terminée puisque notre guide allait nous faire découvrir une coulée de lave en son intérieur ou plutôt un tunnel causé par le refroidissement de la lave en surface. Une expérience originale et immanquable !
Équipés d’un casque et de lumières on entre par une petite brèche en bordure de route et, après quelques pas, on se retrouve plongés dans le noir complet.
Difficile d’imaginer qu’on est en train de marcher au plein coeur d’une coulée de lave.
Pour la petite explication, le tunnel de lave se forme au moment de la coulée de roche en fusion, l’extérieur se refroidissant vite au contact de l’air, une croute rocheuse se forme. Le coeur étant encore chaud, protégé par cette croute, le magma continue de s’écouler jusqu’à ce que l’éruption se termine. Si certains tunnels ne mesurent que quelques centimètres ou quelques mètres comme celui croisé dans la journée, d’autres peuvent mesurer plusieurs dizaines de kilomètres !
Les stalactites au plafond et les coulures sur les parois ne sont pas formées par l’eau et la sédimentation de calcaire (la roche est uniquement basaltique) mais par le refroidissement lent de la lave pâteuse.
Randonnée sur la Valle del Bove
Enfin nous terminons la randonnée par un autre flanc de l’Etna, la Valle del Bove, cette partie du volcan où il semble manquer tout un versant du cône parfait.
En réalité, cette vallée correspond à un effondrement d’une des parois de l’Etna créant un champ de roches volcaniques de 7 km par 6 km ! La Valle del Bove est d’une grande importance dans la compréhension de l’histoire du volcan et de la géologie de la région.
Découvrez les produits locaux de l’Etna en dégustation gratuite !
La journée se termine par la visite d’un producteur de produits locaux, issus uniquement de cultures de l’Etna ! Une dégustation de miels, de vins, de liqueurs, d’olives et de tapenades bien appréciée après la journée sur le volcan.
La dégustation est bien sur entièrement gratuite et sans obligation d’achat, libre à vous de ramener (ou pas) des souvenirs de votre journée !
Ascension de l’Etna : infos pratiques
Faut-il partir avec un guide sur l’Etna ?
Il est possible de visiter l’Etna sans guide mais l’accès au sommet vous sera refusé. D’autre part, nous vous conseillons vivement de prendre un guide pour comprendre réellement la vie et l’histoire du volcan.
Avec quelle agence réserver votre ascension de l’Etna ?
Nous avons eu l’occasion de partir avec Roberto et Antonio de Etna3340 et nous n’avons pas du tout été déçus : ils sont très professionnels, ils sont vulcanologues, ils parlent français, favorisent des petits groupes, engagés pour le tourisme durable et plutôt cool !
Tarif : env. 150€ (comprenant la remontée téléphérique)
Quelle ascension choisir ?
Les possibilités d’excursions sont nombreuses ! Nous avions fait la sortie Etna 3000 qui permet d’avoir une vue d’ensemble de l’Etna. Si nous en avions eu la possibilité nous aurions probablement tenté la même expérience mais avec ascension jusqu’au sommet !
D’où partir pour se rendre sur l’Etna ?
Vous pouvez choisir de vous faire récupérer à votre hôtel à Catane ou bien rejoindre l’équipe directement au point de RDV. Des excursions sont aussi organisées depuis Taormina et Messine.
Quel équipement prévoir pour une rando sur l’Etna ?
Antonio et Roberto sauront vous aiguiller mais il vaut mieux se couvrir à 3000 m et prendre de bonnes chaussures de marche (laissez les claquettes à la plage).
D’autres excursions sur l’Etna
Si l’ascension est le chemin « conventionnel », la meilleure des façons de parcourir le volcan, il existe d’autres moyens de le découvrir ! Par sa géologie si particulière, il offre aussi des produits spéciaux à commencer par les vins !
Lors de l’ascension on a l’opportunité de s’émerveiller devant la partie émergée de l’Etna mais une très grosse partie du volcan est sous l’eau ! On aurait aimé partir plonger là où tout a commencé !
Quelques activités intéressantes à ce sujet :
Gravir un volcan actif était un rêve d’enfant et, même s’il n’était pas en éruption lorsque nous y étions, nous avons vécu une journée exceptionnelle. Entre l’ascension des cratères sommitaux, le parcours à travers les coulées de lave, la mini-spéléo dans le tunnel et la bonne humeur de Roberto nous avons été comblés. Nous nous sommes promis de revenir à la prochaine éruption pour le découvrir en éveil !
Bonjour, article vraiment très intéressant !! Je me rends en Sicile cet été et j’avoue que votre blog va beaucoup m’aider 🙂
Petite question quelle formule d’excursion avez vous choisi ?
Merci
Merci Charlène ! On te recommande vivement de faire une sortie du le volcan alors ! Il s’agit de la base des cratères sommitaux (https://www.etna3340.com/visite-etna/excursion-3000-randonnee-lave-etna), c’est vraiment génial mais si c’était à refaire, on pousserait jusqu’au sommet (https://www.etna3340.com/visite-etna/ascension-etna-sommet) !
Bonjour,
Je n’ai jamais gravi un volcan actif, mais c’est pour moi un rêve d’enfant. J’espère pouvoir faire une telle découverte un jour, et avoir la possibilité de voir un cratère de près.
Bonjour,
Maryne et Jules, nous vous remercions pour vos récits, en effet, à la suite de notre lecture, nous avons décidé de réserver notre trek familial avec etna3340!
Notre guide Antonio a su s’adapter à notre allure (famille constituée de 3 enfants (9 , 10 et 13 ans)), sa passion et sa connaissance du terrain ont fait de cette journée une riche expérience ! Il est très pédagogue, et ses anecdotes plaisent aux enfants !
Nous avons choisi un départ by night à 3h du matin, et un retour vers 11heures avant les grosses chaleurs.
Nous étions seuls sur les crêtes, en parfaite sécurité car Antonio est vulcanologue,il ne prend aucun risque.
Merci donc à tous les deux pour vos partages et pour votre blog qui nous permet de vivre à notre tour des moments inoubliables !!!