Nous ne sommes ni diplômés en techniques commerciales, ni mentalistes, mais en discutant avec les voyageurs que nous avons rencontré, avec les locaux qui ont accepté de nous révéler certains secrets et parce qu’on s’est parfois bien fait arnaqué, on a mis au point une petite technique pour essayer d’obtenir le meilleur prix possible dans les souks !
Je vous l’explique en 7 étapes.
1. Patience et bonne humeur
L’ambiance entre le vendeur et l’acheteur est le point n°1 : négocier fait partie de la culture marocaine, il est indispensable de l’aborder comme un jeu avec le commerçant. Vous êtes en vacances alors détendez vous, parlez avec le commerçant de votre voyage, d’où vous venez, ce que vous faites, le beau temps, … ne vous inquiétez pas, il saura animer la conversation.
Si vous connaissez quelques mots en dialecte arabe comme « salam alaykoum », « roya », « choukrane », « labes », n’hésitez pas, les marocains et même plus généralement les locaux dans chaque pays, aiment beaucoup qu’on adopte leur langue.
Certaines personnes (plusieurs se reconnaîtront ici !) n’aiment pas ça et préfère ne pas perdre de temps, dans ce cas oubliez tout de suite ! Laissez quelqu’un faire la négo pour vous ou bien acceptez de payer le prix fort. N’oubliez pas, ce n’est qu’un jeu, vous n’êtes donc pas obligé d’y jouer !
2. Connaître le prix
Avant de vous lancer dans la quête de vos achats souvenirs, je vous conseille de prendre le temps de découvrir le souk : les différents prix pratiqués en parlant directement aux commerçants, les lieux stratégiques, etc …
Attention, les prix qu’on vous aura donné sont des prix de départ ! D’après notre expérience et les avis des différentes personnes rencontrées, vous pouvez aisément diviser ce prix par 3 ou 4, bien que ceci dépend du produit et de l’endroit où vous achetez.
Effectivement pour un même produit le prix ne sera pas le même à l’entrée du souk de Marrakech et dans le vieux souk …
Tout ne se négocie pas : généralement les prix affichés ne sont pas négociables, ce n’est pas la peine non plus de discuter pour des babioles à 5dh, plutôt mal vu par les vendeurs.
3. Le repérage
Maintenant que vous avez fait le tour du souk, que vous savez ce que vous voulez et que vous en connaissez le prix, c’est parti pour les achats ! On oublie pas d’être joyeux, agréable et on rentre dans la boutique !
Baladez vous chez le commerçant, admirez son étale (« Plaisir des yeux » vous répétera-t-il), n’hésitez pas à en faire son éloge (petit rappel du conseil n°1). MAIS ne vous montrez pas intéressé par votre cible ! Si vous êtes deux, évitez à tout prix les « oh regarde c’est ça que je veux ! » (parfois difficile quand vous aussi vous y êtes avec votre copine ou votre femme …).
La conversation va très vite s’engager, le commerçant ne vous laissera alors plus jamais seul !
4. Le prix de départ
NE JAMAIS PROPOSER SON PRIX !
A moins d’être incollable sur les tarifs dans le souk ou d’avoir vécu au Maroc, je vous déconseille absolument de commencer la négociation ainsi. Essayez même de ne pas demander le prix, il est assez facile de faire parler le vendeur sans lui demander. Au pire des cas ne demandez pas « Combien ça coûte ? » mais « A combien tu me le proposes ? »
Une fois que vous avez le prix du produit, divisez le en 3 ou 4 dans votre tête (je vous conseille par 4, mieux vaut partir au plus bas). C’est votre prix de départ !
5. Le bluff
A l’annonce du prix, souriez ! (n’oubliez pas le conseil n°1 : vous êtes de bonne humeur et le n°2 : vous connaissez le vrai prix !). A partir de ce moment, montrez que vous connaissez le pays et sa coutume : vous n’êtes pas un simple touriste de passage mais un expert des souks du Maroc ! Toujours en souriant, faites comprendre à votre compagnon de négo que vous connaissez les vrais prix, que ce n’est pas la première fois que vous venez et « qu’il a bien essayé mais on ne vous la fait pas à vous » 🙂 et donnez votre prix.
Le commerçant va alors faire l’homme étonné de votre prix, voire stupéfait : il rentre à son tour dans le jeu et la partie peu commencer !
6. Ne jamais augmenter son prix !
Spontanément le vendeur va faire un premier « effort » en diminuant son prix, refusez. Expliquez que c’est gentil de sa part mais que non à ce prix là ça ne vous intéresse pas, ce n’est pas grave.
Je fais un effort, je descends, à toi de monter un peu !
Surtout pas ! Si vous rentrez dans ce jeu là, vous avez perdu ! N’oubliez pas le conseil n°4 : votre prix de départ est aussi votre objectif et le prix auquel le vendeur est susceptible de vous vendre le produit.
7. Le faux-départ
Faites mine de partir, toujours avec le sourire, en le remerciant pour ses efforts. Vous aurez surement un peu peur de perdre l’affaire mais nous vous inquiétez pas, ça ne durera que quelques mètres et le commerçant vous rappellera 😉
Il tentera une dernière fois de vous céder votre souvenir au dessus de votre prix mais un dernier refus de votre part et l’objet sera à vous … 4 fois moins cher qu’annoncé. Félicitations, vous avez gagné la négociation ! … et le vendeur aussi ! Effectivement, un commerçant ne vendra jamais un produit à perte : s’il accepte la vente, c’est qu’il a aussi gagné l’argent qu’il souhaitait … tout est bien qui finit bien !
Autre scénario : le deal ne se fait pas. Ne baissez pas les bras, la vente ne s’est pas faite dans cette boutique mais elle se fera dans la suivante ! Sans oubliez le conseil n° 1 : vous êtes content d’être en vacances, vous avez passé un bon moment avec un commerçant chaleureux et vous ne pourrez pas gagner au jeu du souk à tous les coups ! 🙂
Autres astuces
- L’achat groupé
Si vous partez à plusieurs ou que vous rencontrez des voyageurs souhaitant faire affaire aussi, n’hésitez pas à négocier un prix de groupe ! Ce genre de méthode est très appréciée des vendeurs.
- Les achats en début de journée
Vous aurez beaucoup plus de chances de réussir vos négos en tout début de journée. En effet, une première vente réalisée tôt le matin est un très bon présage pour les commerçants musulmans. Il sera donc plus généreux et laissera du mou plus facilement.
Remarque
Dans les souks vous rencontrerez énormément de rabatteurs et faux guides malgré la présence de plus en plus importante de la police touristique. Sachez que lorsqu’il vous emmène dans une boutique, le rabatteur touche une commission de 25 à 50% du prix de la vente ! Il est donc indéniable que vous ne serez pas en position de négocier un prix intéressant, pire vous serez même perdant à tous les coups.
Cela m’a tellement rappelé mon voyage au Maroc ! Cependant, ce n’est pas moi qui négociait, vu que je n’avais que 14 ans à l’époque. Mais mon papa, passionné par l’Afrique et y faisant de l’humanitaire chaque année depuis plus de 10 ans, connait très bien le Maroc : c’est pleine d’admiration que je l’ai vu négocier, parler, anticiper les réactions des marchands. Le point 5 est la clef d’après moi : les vendeurs se comportent très différemment s’ils sentent que leur interlocuteur est plus qu’un simple touriste venu acheter des souvenirs.
En tout cas, ces photos me donnent envie d’y retourner!
Voilà d’excellents conseils pour marchander, en particulier le N°1. Il m’est arrivé de rester près de 45 min à discuter avec le commerçant avant d’arriver à un accord sur le prix. On discute de tout et de rien avec de temps en temps une petite parenthèse sur le prix, le tout dans la bonne humeur.
Pour avoir une première idée des prix, rien n’empêche d’aller faire un tour dans l’Ensemble Artisanal de Marrakech (il y en a aussi dans d’autres villes). Les prix y sont affichés et sont censés être « justes ».